Le retour de la Droite

S'il est une idée qui est répandue aujourd'hui en France, c'est bien celle qu'il n'y a plus ni droite, ni gauche et que ce clivage dépassé ne signifie plus grand chose.

Cette idée, souvent utilisée pour contrer la qualification d'extrême-droite, devrait pourtant être contredite.

Elle est en effet vraie ET fausse à la fois.


Elle est vraie car la Droite n'est plus représentée politiquement. Mais elle est fausse car la Droite existe toujours.
Ses valeurs ne sont plus défendues par aucun parti - nous l'avons suffisamment répété, ICI et LA par exemple - mais elles ne se sont pas volatilisées.

Cet article est évidemment une prise de position personnelle, largement imparfaite, nourrie de quelques réflexions sur le sujet et qui évoluera sans doute au fur et à mesure que ce point de vue sera discuté et disséqué, d'abord par moi même puis par ceux qui échangent régulièrement avec moi à ce sujet.

Je m'efforcerai d'être le plus concis possible, le sujet étant extrêmement dense.

La Droite et le roi

La séparation entre la gauche et la droite a un fondement historique bien précis qui n'est pas sans une portée symbolique intéressante.

En 1789, lors d'un débat sur le poids de l'autorité royale face au pouvoir de l'assemblée populaire dans la future constitution, les députés partisans du veto royal (majoritairement ceux de l'aristocratie et du clergé) se regroupèrent à droite du président de l'assemblée constituante (position liée à l'habitude des places d'honneurs). Au contraire, les opposants à ce veto se rassemblèrent à gauche. Source

Il y a donc là une clef essentielle pour comprendre ce que fut la Droite, dès les premiers instants : un groupement politique défendant la Tradition et le règne des meilleurs (Aristocratie) face à la modernité, à la fin de la verticalité et à la dictature de l'argent et/ou du nombre (ploutocratie et démocratie).

La Droite majuscule

Être de droite ne signifie pas être de Droite.

La majuscule à ce mot n'est pas un artifice pompeux. Il s'agit d'un moyen très simple, tout au moins à l'écrit, de bien différencier deux notions homonymes ayant un sens radicalement différent.

Pour schématiser, Nicolas Sarkozy est de droite et Julius Evola est de Droite.

Ce dernier écrivait en 1964 :

Faut-il d'ailleurs relever l'absurdité consistant à identifier par tous les moyens la Droite politique à la Droite économique ? La polémique des marxistes joue notoirement et frauduleusement sur cette identification. Pour ces derniers, la Droite et la bourgeoisie capitaliste, conservatrice et "réactionnaire", visant à défendre ses intérêts et ses privilèges, feraient tout un. Dans nos écrits à caractère politique, nous ne nous sommes jamais lassé de dénoncer cette confusion insidieuse et l'irresponsabilité de tous ceux qui, en la favorisant en une quelconque mesure, offrent des armes à l'adversaire. Entre la vraie Droite et la Droite économique, non seulement il n'y a pas d'identité, mais il y a même une opposition précise.

Julius Evola, Le Fascisme vu de Droite, Pardès, 1993 (Éd. original italienne, 1964), p. 12

Voilà déjà qui est dit : on ne peut pas confondre la droite des Républicains avec la Droite au prétexte que certains points communs existent.

S'essayer à définir ce qu'est la Droite est quelque chose de très complexe.

Julius Evola lui-même (ibid, p. 17) était réticent à expliquer de manière concise - et donc forcément de manière incomplète ou peu compréhensible - ce qu'est la Droite.

Risquons nous cependant à cet exercice.

Les caractères principaux d'une politique de Droite

Promotion de l'aristocratie

Défense de l'identité

Défense de la tradition politique

Garantie de l'ordre

Rejet de l'égalitarisme

Chacun de ces principes comporte à nos yeux des propriétés-tiroirs ainsi que des exceptions que nous allons tenter d'expliquer du mieux possible, tout en restant concis.

Promotion de l'aristocratie

Ce point relativement clair et compréhensible : la démocratie étant la loi du nombre, elle avilit forcément la nation qui repose sur un tel système politique.

Il est logique que la conduite des affaires d'une nation soit confiée à des personnes disposant d'un savoir et d'une probité adaptés à cette charge.

Crédit : Allure Rupture

Les écueils sont évidemment nombreux, à commencer par la question de la légitimité de la caste dirigeante, mais ce n'est pas le lieu de les traiter.

L'exception :

Il n'est pas impensable de laisser le peuple s'exprimer sur des questions précises le concernant au niveau local, régional ou national. Que le pays soit dirigé par les meilleurs n'empêche pas l'usage modéré du référendum sur certain sujets.

Défense de l'identité

L’identité est ce qui constitue le cœur même du peuple. Il s'agit du substrat ethnoculturel de la nation.

Crédit : Allure Rupture

Défendre l'identité d'un peuple, c'est refuser que d'autres cultures, que d'autres ethnies ou qu'une autre foi s'installe sur les terres de ce peuple.

L'exception :

Il est envisageable d'accepter l'installation d'une petite proportion de personnes d'un autre substrat ethnoculturel - à condition que ceux-ci aient pour but de s'assimiler et aient, d'une manière ou d'une autre, servi la nation pour mériter cet honneur.

Défense de la tradition politique

L'idée est simple : est de Droite toute personne qui souhaite la permanence de la tradition politique efficace et constitutive du pays duquel il est citoyen.

L'exception :

La tradition ne doit pas être figée à tout prix. Selon les évolutions, il est parfois nécessaire de modifier l'institution politique. Cela doit être possible.

Rejet de l'égalitarisme

Les hommes ne naissent pas avec les mêmes capacités et le même potentiel. Un pied-bot ne battra jamais un record de vitesse de course à pied et un homme au QI moyen ne solutionnera jamais d'équations complexes. Les hommes ne sont donc pas égaux.

Les hommes et les femmes ne sont pas similaires et ne doivent pas être interchangeables.

Un Africain ne sera jamais un Européen (cf. Défense de l'identité).

L’exception :

On doit cependant viser une certaine forme d'équité.

Garantie de l'ordre

L’ordre, et l’ordre seul, fait en définitive la liberté. Le désordre fait la servitude. Les seuls démagogues ont intérêt à essayer de nous faire croire le contraire.

Charles Péguy, 1905

La sécurité et la liberté

Il est nécessaire d'assurer la sécurité de tous les citoyens mais pas à n'importe quel prix.

L'État doit être fort mais permettre un maximum de libertés.

Les libertés individuelles doivent donc être respectées.

Exemple : le recours aux caméras de surveillance doit être minimal. A l'inverse, des moyens dissuasifs plus efficaces peuvent être utilisés, comme la réouverture du bagne par exemple.


Crédit : Allure Rupture

La question policière

La Police sert le pouvoir. Elle est donc une institution qui se positionne aujourd'hui contre tous les gens de Droite.
Elle est aujourd'hui l'ennemie de la Nation et l'amie du cosmopolitisme et de la gauche.

Cependant, l'institution nous servirait de la même manière si, demain, nous arriverions au pouvoir.
De plus, beaucoup des membres composant cette institution sont favorables aux idées de Droite.

Enfin, l'existence d'une institution chargée d'assurer la sécurité du peuple est une évidence.

Il ne faut donc pas tomber dans la haine aveugle de la Police insufflée culturellement par l'extrême-gauche.

La question économique

Une vision économique de Droite :

- S'inscrit dans un cadre inspiré par ce qui a permis le succès des Européens depuis des siècles, mélange d'étatisme fort mais limité et de libéralisme enraciné.

- Rejette le socialisme (Evola, ibid, p. 92) et l'anticapitalisme, théories marxistes récentes et séduisantes mais venimeuses.
- Promeut un État fort, gardien de l'identité de la nation.

Le libéralisme selon Wikipédia :

- Libre-échange
- Liberté d'entreprise
- Libre choix de consommation
- Liberté de travail
- Intervention de l’État aussi limitée que possible

Les critères de base du capitalisme selon Wikipédia :

- La recherche du profit
- L’accumulation du capital
- La dissociation de la propriété du capital et du travail
- Le salariat
- La régulation par le marché

Ces deux définitions, couplées à l'étude empirico-historique tendent à relativiser la haine récente qui est vouée à ces doctrines. Ces deux cadres économiques ont produit de grandes choses et on est loin des caricatures antifascistes et communistes.

Pour être complet : un programme économique de Droite sera celui qui favorisera :

- La diminution des normes et taxes 
- La liberté d'entreprise
- Le respect de la propriété privée
- Un état fort, garant des intérêts nationaux et de l'identité du pays

Les limites à imposer au libéralisme

Il est absolument nécessaire d'établir des barrières solides à la voracité du marché, sans pour autant tomber dans l'anticapitalisme primaire.

Le pouvoir politique doit contrôler avec sévérité tout abus qui viendrait mettre en péril l'identité du pays.

La solidarité nationale, par exemple l'assistance aux compatriotes dans le besoin est aussi une obligation morale pour un État de Droite.

Exemples :
- Toutes les entreprises stratégiques pourraient être contrôlées par l'État. Les secteurs stratégiques au sens large doivent être étroitement surveillés.
- Préférence de l'incitation culturelle par rapport à l'obligation légale.

- L'utilisation d'engrais et de pesticides dans l'agriculture doit être réduite au minimum.

- Les grandes chaînes de supermarchés doivent être contrôlées pour ne pas mettre en péril les commerçants indépendants qui font le tissu économique français depuis des siècles.
- Les produits agricoles cultivés à l'étranger et entrant en concurrence avec des produits locaux français devront être taxés en conséquence.

Conclusion

Je le répète, le court texte explicatif ci-dessus n'est qu'une opinion personnelle et parcellaire, basée sur des lectures et des découvertes intellectuelles qui mûrissent à leur rythme.

Pour résumer, voilà comment remettre au jour le clivage Droite/Gauche qui est peut-être bien plus d'actualité qu'on ne le croit !

Être de Gauche c'est défendre le progrès illimité, le relativisme, l'égalité, le cosmopolitisme, la censure, un état obèse et le socialisme.

Être de Droite c'est défendre la nature, la beauté, l'excellence, l'identité, la liberté d'expression, un état fort et la liberté économique.

Exemples concrets :

Droite = défendre la nature
=> Respect de la norme naturelle et écologie intégrale.
=> Gestion respectueuse des forêts (Philippe VI, Colbert, etc.) et rejet de la GPA.



Crédit : Allure Rupture


Gauche = défendre le progrès illimité
=> Progrès placé au dessus de la Nature, folie des grandeurs.
=> Productivisme (Paul Ariès : "La gauche qui domine depuis deux siècles est la gauche productiviste.") et promotion de la GPA.


__________________________

Un parti de Droite est un parti qui propose un programme politique reposant sur deux propositions phares : l'Ordre et l'Identité.

Concluons en admettant volontiers qu'un homme de Droite peut tout à fait défendre, au sein de son programme, des idées de Gauche. L'exemple historique le plus évident étant, d'une certaine manière, Benito Mussolini, socialiste dans sa jeunesse mais défendant une vision clairement de Droite.

À nous de nous réapproprier les termes de Droite et de Gauche et de montrer à quel point les idées de Droite sont bonnes et à quel point celles de Gauche sont pernicieuses.

Pour aller plus loin :
Analyse des élections régionales d'un point de vue de Droite
Il n'y a rien à sauver à gauche !
Claude Lévi-Strauss, contributeur idéologique de la Droite
Être de Droite, c'est considérer que la nationalité est liée à un critère ethnique
Pourquoi il est impensable d'être socialiste dans la France moderne
Julien Rochedy, contre l'état-zombie